« Ce travail est une mise en relation entre des photographies d’aliments que j’ai laissés pourrir dans mon réfrigérateur et des textes d’un livre de recettes de cuisine de Marguerite Duras.
Logiquement, le lent processus de décomposition des aliments mène à la transformation d’un « objet à manger » à un « objet à jeter ».
Ici, il devient un « objet à méditer ».
Il passe d’un état de déchet à un sujet d’émerveillement.
Il y a finalement peu d’écart entre la moisissure et le sublime.
La littérature de M. Duras est à considérer comme aliment mental.
De l’association de l’image et du texte, grâce au vide installé entre les deux, naît alors un trouble visuel et mental:
Si l’on veut lire la recette, on est obligé de se tenir très près de l’oeuvre. L’ombre portée des mots sur l’image en accentue la difficulté de lecture.
L’oeuvre interroge donc le réel.
Le réel n’est-il pas ici entre les choses, dans le paradoxe même créé entre l’image et le texte, entre une décadence esthétique et des mots à savourer ? »