Les ombres vivent

Cette installation se présente en sept « tableaux » (sens théâtral, scénique), 7 pages comme détachées d’un livre, en écho aux sept jours d’une semaine. Elle a été réalisée en 2013 alors que mon père était en train de mourir.
Toute la structure familiale est totalement perturbée face à un tel événement. La place, le rôle qu’avait chacun au sein de la famille ( conjoint, fratrie) se dilate, se disloque, se déforme, s’ombre et s’éclaire, se meut sans cesse. Ce sont ces instants de mon intimité, instants insaisissables et pourtant universels que j’ai voulu transmettre, partager et interroger.

Pour chaque tableau,un espace vide assez important est mis en scène entre deux images.
Des ombres portées de l’image du premier plan ( photographie du début du XXeme d’une famille sur transparent) se reflètent sur l’image du fond ( revue entière du petit écho de la mode année 50, collée page après page pour conserver l’idée de l’histoire et de ses secrets ).

Peut-on parler d’une réalité de l’objet tant les images s’entrecroisent, se chevauchent et troublent la perception visuelle et mentale ?
La réponse appartient au spectateur qui par le jeu mobile de son regard crée sa propre réalité.

Tout ceci est rendu possible grâce à l’installation scénographique de l’oeuvre, à sa mise en lumière sans occulter ses parts d’ombres.
Un séquenceur – l’interrupteur intime – est le déclencheur de cette mise en mouvement vers le voyage intime-extime.
Mais alors que le spectateur  aura à peine eu le temps d’explorer ce nouvel univers animé au sein d’un « tableau », la lumière s’éteindra pour refermer la première page. Une autre lumière s’éclairera alors pour  ouvrir  la deuxième page…etc… jusqu’à la septième : Des flashs de perception visuels et mentaux.

Mais comme l’écrit Bergson « Notre durée n’est pas un instant qui remplace un instant ». Le cycle se poursuivra donc, en revenant à la première page et ainsi de suite…. car «  la durée est le progrès continue du passé qui ronge l’avenir et qui gonfle en avançant. »