« Soudain au fil de l’œuvre, une radiographie et une photographie. Nous voyons l’infracavernité d’une cage thoracique ouverte qui déplie la couleur noire et mate de sa nuit pulmonaire. L’image fascinante capte l’énergie électrostatique du support où elle existe. La puissance de son impact esthétique si étrange nous happe. Sans doute a-t-il fallu que C.P. déglutisse de la peur pour laisser un visage entier descendre le long de la carotide, pour le laisser venir s’intercaler entre les poumons et, au bord de la nuit pulmonaire, sourire. (…) Elle révèle que son corps est une cachette, et que cette cachette est ouverte. Elle révèle, régnant en cette île intime sur son territoire plastique qu’elle est au milieu du monde, parmi nous, mais sur une ligne que les blessures n’atteignent plus. Cette ligne protectrice et libératoire, elle s’y tient sereine et espiègle, facétieuse, dans la distance des déchirures parcourues. En bas, des chaussures rouges, une poupée en celluloïd marquent le seuil à franchir pour sortir et revenir. Objets identiques à eux-mêmes dans leur immobilité et signes variables dans leur mobilité abstraite, chaussures et poupée permettent d’évaluer l’émouvante position du corps cachette ouverte : proche et lointaine dans les filets ondulatoires de l’image implosive… »
Joël Couve – écrivain